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Printemps des poètes

Elsa au miroir de Louis Aragon

Publié le lundi 7 mars 2016 16:28 - Mis à jour le mardi 8 mars 2016 11:40

C'était au beau milieu de notre tragédie
Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d'or Je croyais voir
Ses patientes mains calmer un incendie
C'était au beau milieu de notre tragédie


Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
C'était au beau milieu de notre tragédie
Qu'elle jouait un air de harpe sans y croire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir


Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
Qu'elle martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir
À ranimer les fleurs sans fin de l'incendie
Sans dire ce qu'une autre à sa place aurait dit


Elle martyrisait à plaisir sa mémoire
C'était au beau milieu de notre tragédie
Le monde ressemblait à ce miroir maudit
Le peigne partageait les feux de cette moire
Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire


C'était un beau milieu de notre tragédie
Comme dans la semaine est assis le jeudi


Et pendant un long jour assise à sa mémoire
Elle voyait au loin mourir dans son miroir


Un à un les acteurs de notre tragédie
Et qui sont les meilleurs de ce monde maudit


Et vous savez leurs noms sans que je les aie dits
Et ce que signifient les flammes des longs soirs


Et ses cheveux dorés quand elle vient s'asseoir
Et peigner sans rien dire un reflet d'incendie.

Louis Aragon

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