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Printemps des poètes

Crépuscule

Publié le lundi 7 mars 2016 16:48 - Mis à jour le mardi 8 mars 2016 11:36
L’heure viendra… l’heure vient… elle est venue
Où je serai l’étrangère en ma maison,
Où j’aurai sous le front une ombre inconnue
Qui cache ma raison aux autres raisons.
Ils diront que j’ai perdu ma lumière
Parce que je vois ce que nul œil n’atteint :
La lueur d’avant mon aube la première
Et d’après mon soir le dernier qui s’éteint.
Ils diront que j’ai perdu ma présence
Parce qu’attentive aux présages épars
Qui m’appellent de derrière ma naissance
J’entends s’ouvrir les demeures d’autre part.
Ils diront que ma bouche devient folle
Et que les mots n’y savent plus ce qu’ils font
Parce qu’au bord du jour pâle, mes paroles
Sortent d’un silence insolite et profond.
Ils diront que je retombe au bas âge
Qui n’a pas encore appris la vérité
Des ans clairs et leur sagesse de passage
Parce que je retourne à l’Éternité
                                                                                                                                                                                                      MARIE NOEL
 
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